On Plant Communication / De la communication des plantes


Documentaire expérimental 16mm, en cours de création
réalisation : Chloé Mossessian & Hank Mittnacht (Hank Midnight)
avec le soutien de la Caza d’Oro


On Plant Communication est un documentaire expérimental en cours de réalisation de l’artiste plasticienne Chloé Mossessian et du compositeur Hank Mittnacht (Hank Midnight). Le film explore le thème de la communication végétale à travers une série de portraits en pellicule 16mm de personnes qui vivent et travaillent en dialogue avec les plantes – un ensemble kaléidoscopique de protagonistes incluant (sans toutefois s’y limiter) mycologues, botanistes, chorégraphes, musicien.ne.s, sylvothérapeutes, cueilleur.euse.s, apiculteur.ice.s, magicien.ne.s, agriculteur.trice.s, activistes, philosophes, poètes/poétesses, éducateur.trice.s, peintres, cuisinier. ère.s, archéologues, architectes.


“Les plantes sont les premiers yeux qui se sont ouverts et posés sur le monde, elles sont le regard qui arrive à le percevoir sous toutes ses formes. Le monde est avant tout ce que les plantes ont su en faire.”
– Emmanuele Coccia, La vie des plantes. Une métaphysique du mélange.

L’idée du film a émergé de l’écrit autobiographique de Suzanne Simard, chercheuse en écologie forestière, Finding the Mother Tree (traduit en français : À la recherche de l’arbre mère). Dans cet ouvrage, elle décrit son étude de 1995 sur l’échange de carbone radioactif entre les sapins de Douglas (conifères) et les bouleaux (feuillus) via des réseaux mycorhiziens partagés. Plus précisément, son étude a révélé que les sapins de Douglas partagent des nutriments (phosphore, carbone, nitrates) avec les bouleaux pendant les saisons où leur imposante canopée empêche la lumière du soleil d’atteindre les bouleaux situés en dessous ; de même, lorsque les bouleaux disposent d’un surplus de ressources nutritives, ils les transmettent aux sapins voisins. C’est de cette découverte qu’est apparue l’expression wood wide web.

Simard, qui enseigne maintenant l’écologie forestière à l’Université de la Colombie-Britannique, a passé sa vie de chercheuse à prouver le rôle essentiel des fungi / champignons à la symbiose inter-espèce en forêt. Bien que les réseaux mycorhiziens ne possèdent pas de cerveaux centralisés (contrairement à nos cerveaux animaux), leur comportement intelligent décentralisé pourrait étendre nos propres limites pour comprendre l’intelligence du vivant. Comme le suggère le mycologue britannique Merlin Sheldrake dans Entangled Life (traduit en français : Le monde caché) :

[Les réseaux mycorhiziens] sont incroyablement complexes, leurs implications énormes et encore mal comprises… Imaginez la perplexité d’un anthropologue extraterrestre qui aurait découvert, après des décennies d’étude de l’humanité moderne, que nous avions ce qu’on appelle Internet. C’est un peu la même chose pour les biologistes contemporains. *1

Le concept de scenius — ou l’intelligence créatrice d’une communauté — évoqué par le compositeur Brian Eno est analogue à la symbiose rendue possible par les réseaux mycorhiziens. Si les livres d’histoire attribuent souvent à des “génies” individuels de grandes innovations scientifiques et culturelles, Eno avance que ces individus travaillaient rarement de manière isolée ; au contraire, ils étaient souvent associés à des “scènes culturelles très actives et florissantes”, dont ils ne constituaient qu’un élément. Le film trouve sa structure dans l’image du scenius.






On Plant Communication teaser du film en cours (53”)





Vue de l’exposition de sortie de résidence à la Caza d’Oro au Mas d’Azil (Ariège FR), 26 septembre - 25 octobre 2025 :
Premiers fragments du film On Plant Communication : boucles désynchronisées